Grandes manoeuvres, grignotage et enfumage !

Date avril 30, 2009

grandes_manoeuvres

NAPOLEON 1er était adepte des manœuvres savantes qui assurent la victoire en un rien de temps.
Pour sa part, le Maréchal JOFFRE répondait, aux critiques sur sa guerre d’usure, « je les grignote » (en parlant des allemands). Enfin, les techniques modernes permettent l’utilisation massive de bombes d’enfumage…Il semble qu’on assiste depuis plus d’un an à un savant mélange de ces trois types de tactique. Quand la grande manœuvre risque d’échouer, on grignote, mais sans oublier d’enfumer abondamment ! De telle sorte qu’on avance toujours, peu ou prou…

Quels sont les buts de cette stratégie dans la sphère de la fonction publique ?

Essentiellement une fonction publique moins coûteuse et plus souple. Ces deux objectifs doivent être atteints le plus rapidement possible, sans que les parties prenantes aient le temps de réagir.

Alors, on convoque les généraux ATTALI et SILICANI, qui pilonnent aussitôt le front à grands coups de lourds rapports iconoclastes pour déstabiliser les troupes d’en face.

Puis, entrent en jeu les colonnes infernales de la RGPP dirigées tout spécialement depuis le Grand Etat-Major et lancées à l’assaut des ministères (7,7 milliards d’euros sont en jeu !). Les budgets sont taillés en pièces, les rapports, gros ou petits, pleuvent sur les représentants syndicaux qui peinent à s’en dégager, des bataillons entiers sont cernés et délocalisés, les directions centrales, régionales et même départementales, fusionnent sous l’effet de la chaleur…

C’est le major Marcel POCHARD, avec sa commission, qui attaque frontalement le corps enseignant ; et la colonelle Marine DORNE-CORRAZE qui, au centre même du dispositif, remet en cause les concours trop coûteux (110 millions par an) et trop académiques.

Et encore la division LEGRIS qui concentre son feu sur les écoles de formation. Le corps prestigieux de l’ENA tombe déjà, avec son rang de classement jugé obsolète et sa garnison amoindrie…Pendant ce temps, la campagne est battue par le Maréchal BALLADUR et sa commission sur les collectivités locales, qui menace les arrières de l’organisation territoriale actuelle.

Cette haute stratégie n’empêche pas le grignotage d’un front qui s’avère résistant. On avance parfois en rampant : le projet de loi sur la mobilité s’est enlisé dans les marais parlementaires ; qu’importe, on sort par surprise les décrets d’application !

La notation résiste ? On la contourne, en expérimentant sa suppression sur un point faible des effectifs en présence, à savoir les attachés d’administration, corps d’état-major peu aguerri au combat syndical. On verra plus tard à affronter les effectifs plus mobilisés de la DGFIP et d’ailleurs.La victoire sera acquise lorsque l’évaluation sera la source unique de la carrière et de la rémunération.

En attendant ce grand jour, on avance à couvert de la PFR, nouvel engin redoutable récemment mis au point, et qu’on dirige, encore une fois, sur les attachés, point faible du front. Cà finira bien par craquer, sacrebleu !Et puis, on grignote encore grâce aux recrutements de contractuels, qui gagnent toujours plus de terrain.

On grignote aussi et surtout le pouvoir d’achat des agents. Mais c’est là que la tactique d’enfumage donne le meilleur d’elle-même. On enfume jusqu’à saturation avec la GIPA, censée garantir le pouvoir d’achat, à coup de communiqués euphoriques ; on enfume sur le dialogue social, censé être rénové ; on enfume encore et toujours en se gargarisant de mots qui sonnent bien : modernisation, mobilité, professionnalisation, performance !

Mais quand les troupes d’en face réussissent à effectuer un énorme mouvement tournant, comme par exemple le 29 janvier et le 19 mars derniers, on sait aussi organiser un repli stratégique et abandonner en rase campagne une ou deux réformes trop mal conduites.On ne sait quand et comment s’achèveront ces stratégies diverses.

Mais que les pouvoirs publics prennent garde d’obtenir une victoire à la PYRRHUS, avec une fonction publique certes plus souple et moins coûteuse, mais aussi cassée, démobilisée et moins efficace.

Soldat Claude MARQUE

Comments are closed.