information coronavirus : bilan du confinement à mi-étape (?) au ministère de l’économie et des finances

Date avril 17, 2020

Jamais notre société n’a connu une crise telle que nous la vivons, ceci depuis des décennies, et nous allons en subir des conséquences puissantes pendant de longs mois, voire des années. Mettre à l’arrêt, ou presque, tout un pays pendant de longues semaines met à vif la responsabilité de nos dirigeants politiques, et au cas particulier, de nos hauts fonctionnaires, responsables du fonctionnement de notre organisation, le ministère de l’économie et des finances.

A ce jour, 85 % des 135.000 agents du ministère sont à domicile, soit en autorisation spéciale d’absence (ASA) parce qu’ils ne peuvent pas télétravailler ou en garde d’enfant, pour presque 60 %, soit en télétravail pour 25%, soit en présentiel dans le cadre du Plan de continuité de l’activité (PCA) pour 15 %. 1% des agents sont malades (testés ou pas). Pour l’Administration Centrale, les pourcentages sont très différents, car sur les 7.500 agents concernés, presque 80 % sont en télétravail, avec une présence très réduite sur les sites, moins de 5 %. Si l’on reprend la chronologie, cette catastrophe n’était pas annoncée – qui pouvait imaginer cela encore au début du mois de février – et bien sûr, les décideurs ont souvent été pris de court. Ce que l’on peut juger, et encore à titre bien provisoire, cela a été l’organisation mise en place pour protéger les agents du ministère et assurer le suivi minimum de l’activité. A ce titre, on peut relever de bons points et de moins bons.

Concernant la gouvernance de la crise, le secrétariat général a informé dés le déclenchement de la phase 1 de l’épidémie les organisations syndicales représentatives des personnels dans leur ensemble (fédérations et syndicats directionnels). D’une manière générale, l’Administration consacre une séance de deux heures environ par semaine aux questions / réponses des organisations syndicales, pour le périmètre de l’Administration centrale, sous la présidence de la secrétaire générale, et une séance par semaine pour les fédérations syndicales ministérielles sous la présidence des ministres Darmanin et/ou Dussopt. Les directions à réseau ont leur propre réunion. L’expression des organisations syndicales y est totalement libre et l’intelligence collective permet de balayer l’ensemble des difficultés rencontrées. les réponses de l’Administration ne sont pas toujours immédiates, soit parce que le sujet est d’ordre interministériel, soit parce que la question est nouvelle, ou très précise. Mais on doit reconnaitre dans l’ensemble que l’Administration tente de donner des réponses structurées et assez rapides aux questions posées.

Les principaux points évoqués au cours de ces réunions relèvent des sujets suivants : la protection et les conditions de travail des agents en présentiel, le télétravail, le traitement des sujets RH durant la période (paie, recrutement, calendrier des commissions, congés, agents en souffrance, services sociaux, etc). Sur ces différents points, la réponse se veut souvent interministérielle, comme par exemple la gestion des congés et des primes exceptionnelles qui a fait l’objet d’une ordonnance de la part du gouvernement.

Concernant la protection des agents en présentiel, on notera principalement la difficulté à fournir les fameux masques, mais aussi le gel hydro-alcoolique. Le souci d’approvisionnement rencontré par le ministère des finances se fond bien sûr dans ce que l’on appellera peut être ultérieurement le mensonge d’État des masques, à nous expliquer que ceux ci n’étaient pas utiles, voire contre-productifs, tout simplement parce qu’on en avait plus. Dans un cadre terriblement contraint de pénurie mondiale, le ministère a tout de même réussi à assurer par des commandes urgentes et livrées la couverture de cinq semaines de consommation des agents en présentiel.

Concernant les conditions d’exercice des agents en présentiel, l’Administration a pallié au plus urgent sur les points comme la restauration (plateaux repas à Bercy, ou des indemnités dédiées). Le nettoyage sanitaire des locaux semble pris en charge normalement, sur les moyens utilisés collectivement tout du moins.

Un point crucial est bien sûr la mise en oeuvre du télétravail, de manière non choisie, totale, dégradée, et largement majoritaire en Administration Centrale. A ce titre, de nombreuses leçons devront être tirées pour les futures crises à venir, car l’impréparation était de mise. Ce qui est certes en partie excusable au vu de l’ampleur inattendue de son déploiement. Beaucoup d’agents ont eu des difficultés à accéder à leur outils de messagerie, à l’intranet, et aux applications métier. La situation est sans doute encore pire dans les directions à réseau, ce qui explique le nombre d’agents en ASA plus important. L’Administration met en place un groupe de travail dans la deuxième quinzaine d’avril pour réfléchir avec les organisations syndicales sur les problématiques liées au déploiement du télétravail, sur tous ses aspects (organisationnel, matériel, psychologique).

Sur les problématiques RH, les services de l’Administration ont pu fournir des éléments de réponse structurés (en ligne sur ce site) pour répondre aux questions des agents.

A mi-parcours du confinement, si celui-ci se termine bien au 11 mai, comme l’a annoncé le président de la République, c’est bien la problématique du déconfinement et sa gestion qui va devoir être anticipée et organisée. Le 16 avril, le secrétaire d’État Dussopt a annoncé aux fédérations syndicales que ce point allait être le sujet principal de tous les prochains échanges. La tâche va être particulièrement ardue, et sans aucun doute, l’Administration du ministère n’aura pas toutes les cartes en main pour réussir ce déconfinement. En effet, les agents vont devoir revenir au travail ; comment les prévenir des conditions de reprise, si les services RH ne disposent pas des coordonnées personnelles ? (pour ceux qui n’ont pas leur messagerie), comment les agents vont-ils pouvoir venir au travail ? (quelle va être le taux de reprise des transports en commun ?), comment la protection des agents va-t-elle être assurée ? (présence de masques et de gel hydro-alcoolique, organisation des bureaux, nettoyage), comment les agents vont-ils se restaurer? etc. Ceci va être un véritable défi à relever, qui va demander une excellence dans les décisions de la part de l’Administration et des propositions et un suivi proactif très important de la part des organisations syndicales.

Le plus dur, au delà de la crise sanitaire, est devant nous.

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